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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/311

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— 1815 —

celles du général Grouchy, le Rhône et la levée en masse du Dauphiné. Chaque heure allait, en outre, augmenter le nombre des adversaires de ce prince et rétrécir le cercle qu’ils formaient déjà autour de lui, car, pendant toute sa retraite, le tocsin n’avait cessé d’appeler aux armes la population des deux rives du fleuve, et ses généraux, comme lui-même, avaient pu voir descendre des montagnes ou prendre position au débouché de toutes les routes, de nombreux détachements de gardes nationaux conduits par les officiers à demi-solde de la contrée. Toute résistance devait donc cesser. Le soir même du 8, M. de Damas se rendit auprès du général Gilly et conclut, au nom du duc, une capitulation qui obligeait ce dernier à poser sur-le-champ les armes, à licencier ses volontaires, et à s’embarquer au port de Cette. Le lendemain 9, le prince se mit en chemin par la voie de terre ; mais, arrivé au Pont-Saint-Esprit, il y fut arrêté par le général Grouchy, qui, embarqué pendant la nuit sur le Rhône, l’avait devancé de quelques heures dans cette ville. Ce général était revêtu du commandement en chef de toutes les troupes chargées d’opérer dans cette partie du Midi ; soit qu’il enviât au général Gilly l’honneur de terminer cette échauffourée, soit excès de zèle, il refusait de ratifier la capitulation. On retint le duc prisonnier ; un courrier fut expédié à l’Empereur, qui, le 11, transmit à son lieutenant la réponse suivante :

« Monsieur le comte Grouchy, l’ordonnance du roi en date du 6 mars[1] et la convention signée le 13, à Vienne, par ses ministres[2], pouvaient m’autoriser à traiter le duc d’Angoulême comme cette ordonnance et cette déclaration voulaient qu’on me traitât moi et ma famille. Mais, constant dans les dispositions qui m’avaient porté à ordonner que les membres de la famille des Bourbons pussent sortir librement de France, mon intention est que vous donniez des ordres pour que le duc d’Angoulême soit conduit à Cette, où il sera embarqué, et que vous veilliez à sa sûreté et à écarter de lui tout mauvais traitement. Vous aurez soin

  1. Voyez cette ordonnance dans le chapitre précédent, page 187.
  2. Cette convention, que nous reproduisons plus loin, pages 321 et 322, mettait Napoléon hors la loi des nations et le livrait à la vindicte publique.