Page:Vauquelin - L’Art poétique, éd. Genty, 1862.djvu/24

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Si quelques mots nouueaux tu veux mettre en vsage,
Montre toy chiche et caut à leur donner passage ?

Et n’ajoute-t-il pas maintes autres réflexions aussi remarquables, et aussi fatales à Ronsard et à son servum pecus ? Qu’on lise attentivement ses jugements sur Ronsard, Tyard, Desportes, etc., et l’on verra si Vauquelin, malgré sa courtoisie pour les idoles qu’il avait jadis adorées lui-même, était homme à s’aveugler encore. Il était demeuré courtois, mais il voyait clair. La meilleure preuve qu’il pût donner de sa défection, de son opinion contraire à Ronsard, consistait à ne plus écrire comme lui. Or, quel est le style de l’Art poétique ? Rappelle-t-il beaucoup celui de Ronsard ?

Mais le silence de M. Nisard, dont le livre n’est souvent qu’un simple (et toujours très-savant) commentaire de Despréaux : mais l’erreur de M. Gérusez (petite tache sur un grand tableau), ont une explication possible et facile. Ce qui n’en a pas, c’est cette appréciation laconique et trop singulière des poésies de Vauquelin par M. Bachelet : « Ce sont des œuvres, dit-il, assez médiocres. Vauquelin fut le père de Des Yveteaux. » (Dict. d’Hist. et de Géogr., v° Vauquelin). — Eh quoi ! Monsieur. Des Yveteaux serait-il, à votre estime, le moins médiocre ouvrage de La Fresnaye ? Des Yveteaux n’est pas un rien qui vaille, sans doute, et l’on doit des remercîments à l’homme de goût qui, dans ces derniers temps, lui a élevé un monument durable (M. P. Blanchemain) ; mais, Monsieur, son père était à la fois et un autre homme et un