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EN CORÉE

de défense, de tous les objets indispensables à ce voyage dangereux et définitif. Mais, dans leur spiritualisme, aussi inconscient que profond, les Coréens savent bien que, là où va le défunt, plus rien n’est tangible, jusqu’au jour de la résurrection suprême qui reconstituera les corps dans leur intégrité, et que, par conséquent, il suffit au défunt de posséder l’image même des choses. Les porteurs qui précèdent le cercueil brûlent donc devant lui, sur tout le parcours du cortège, des papiers légers, qui représentent ou les armes du mort, ou ses chevaux, ses chaises, ses habits, ses joyaux, voire ses femmes, ses richesses, ses serviteurs et ses fétiches. Et ces cendres s’envolent, poussière en la poussière, pour se répandre dans l’impalpable.

Cela ne rend-il pas rêveur, cette infrangible foi en la pérennité de la vie et de l’être ?

Soudain, en pleine indifférence, sinon en plein athéisme, on se sent ressaisi par les grands enthousiasmes de la prime jeunesse, alors qu’encore chrétien avant que philosophe, on montait sur les pas du doux Galiléen, s’éthérant en un pur idéal.

L’inspiration moïsiaque, principe de notre Genèse, côtoie sans cesse la légende bouddhique, et cette cor-