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EN CORÉE

Celui-ci ne peut vouloir que le bien. On reçoit ses dons en le remerciant ; mais on ne lui demande rien. Il sait ce qu’il faut. Tandis que le Mauvais, on le redoute, on le supplie pour l’apaiser, et, s’il reste sourd, on le contraint, on le chasse, on l’anéantit.

C’est l’affaire des bonzes et des sorcières.

Celles-ci sont respectées à l’égal des antiques druidesses, dont elles ne perpétuent, il faut le reconnaître, ni la science ni la continence.

La moutan, soudain, s’est arrêtée.

Elle pousse un cri gutlural, sorte d’appel menaçant ou impérieux. Les jeunes gens l’ont guetté et, sitôt qu’ils l’entendent, ils saisissent, dans un coin obscur de la cour, un objet informe, fait de pailles roulées et nattées, fétiche dans lequel, grâce à quelques mots solennels que la moutan va prononcer, l’esprit du mal sera précipité, expulsé du corps du patient. En toute hâte, les villageois entourent le monstre d’une longue corde, ils l’entraînent dans les champs et le brûlent en hurlant et dansant autour.

C’est burlesque, et toutefois c’est poignant, par la conviction qui semble présider à cet acte.

C’est, peut-être, la centième scène de ce genre à laquelle j’assiste, mais chaque fois il m’a semblé que