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EN CORÉE

bassadeur put se voir menacé de coucher à la belle étoile.

Mais Yu, le voyant, le sage, l’austère Yu, avait une faiblesse : il n’était pas indifférent aux charmes des généreux breuvages occidentaux.

L’interprète, qui s’en était aperçu, fit intervenir négligemment l’offre d’une coupe pleine ; puis une autre, puis une troisième, tant qu’enfin, les sentiments affectueux se trouvant vivement surexcités chez le rigide et impeccable Yu, celui-ci s’abandonna à son cher ami l’interprète et lui promit tout ce qu’il voulut.

Voilà le sorcier conduit à l’hôtel choisi. On installe tout pour l’auguste cérémonie, et l’officiant commence.

On a planté, aux quatre points cardinaux, des bâtonnets faits d’argol ou boulettes de fiente de chameau roulée et desséchée. On allume lesdits bâtonnets et l’on observe, avec une minutieuse attention, les ondulations de la fumée…

Celles de l’alcool produisant en même temps leur effet sympathique sur l’esprit et la vue du sorcier, il se trouva que tout était conforme aux rites sacrés, que Fong-Shouéi se déclarait respecté et satisfait, et que M. l’ambassadeur avait enfin conquis régulièrement un asile.