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EN CORÉE

de chaume, tordus baroquement, création d’un esprit tortionnaire ou intensivement hilare.

Les rampes de certains — à l’instar des toitures de quelques — pagodes sont hérissées de chimères fantastiques, de gargouilles à têtes de tigre et de chiens fabuleux.

L’art, ici, n’est encore que la conception du monstrueux, de l’effrayant, du formidable. Mais la beauté et la grâce surgiront bientôt de ces forces, au premier souffle de la civilisation.

Il y a de nombreuses années, des génies malfaisants habitaient l’ancien palais. On entendait toutes les nuits de lugubres hurlements. Les chiens aboyaient à la lune, et les femmes aperçurent des fantômes se glissant dans les salles, à travers les jardins, effleurant l’eau des lacs pour aller enfin se perdre dans l’ombre qui est leur élément.

Bonzes, sorciers et voyants, consultés, décrétèrent alors que, les esprits semblant, par ce fait, avoir choisi pour demeure la résidence royale, la nécessité s’imposait de leur céder la place.

On construisit donc un autre palais : le « nouveau », qu’habite le roi actuel. Ce fut une copie de l’ancien, dont il ne se distingue guère que par les deux immen-