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EN CORÉE

je laisserai à mon émotion le temps de se calmer, et j’esquisserai le décor local.

La salle, immense, n’a ni portes ni fenêtres. Elle est entourée de barreaux rapprochés, recouverts, sur trois côtés, de papier coréen. Le quatrième côté, par lequel je suis entré et qui fait face au trône, est ouvert à ses deux extrémités, droite et gauche.

Je me suis arrêté, sur l’injonction de mon guide, au centre de la salle, en face du trône, dont une énorme table nous sépare.

Tandis que je m’incline à l’européenne, les Coréens qui m’accompagnent s’avancent à quatre pattes. Tel est le salut de cour, moins pénible, pourtant, que celui de certains peuples d’Afrique, où la langue des courtisans doit lécher la poussière que l’on répand à dessein sur les marches du trône, après quoi ils prononcent leurs discours, présentent leurs requêtes, quand ils le peuvent toutefois, l’action de cracher devant le roi ou simplement de s’essuyer constituant un crime de lèse-majesté.

Enfin, je contemple le trône. Il est composé de huit feuilles de paravent sur lesquelles sont inscrits tous les mots de bonheur et de longévité. Ces feuilles supportent un siège doré dont les bras simulent des dragons