Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/144

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128 CORRESPONDANCE. quelques grands génies, et quelques hommes originaux dont je respecte les noms, le reste ne m’impose pas. Je commence a m’apercevoir quela pl upart ne saveut que ce que les autres out pensé; qu’ils uesentent point, -qu’i1s n’ont point d’ame; qufilspie jugent qu’en reilétant le gout du siecle, ou les au- torités, car ils ne percent point la profondeur des choses; ils n’ont point de principes a eux, ou s’ils en ont, c’est en- core pis : ils opposent a des préjugés commodes ,_ des con- naissances fausses, des connaissances ennuyeuses ou des connaissances inutiles, et un esprit éteint par le travail; et, sur cela, je me figure que ce n’est pas leur-génie qui les a . tournés vers les· sciences, mais leunincapacité pour les aifaires, les dégouts qu’ils ont eus dans- lemonde, la jalou- sie,.l’ambition,_ Yéducation, Ie hasard. ll faut cependant, - pour vivre avec tous ces gens·la, un grand fonds de con- naissances qui ne satisfont ni le cocur, ni l’esprit, et qui prennent tout le temps de la jeunesse. li est vrai qu’on se fait une réputation, et qu’elle impose au grand nombre, mais c’est Pacheter cherement, et il est encore plus peni- ble de la soutenir; et, quand il n*y aurait d’autre désagré- ment que de lire tous les mauvais livres qui s’impriment, atin d’en pouvoir raisonner, et d’entendre tous les jours de sottes discussions, ce serait encore trop pour moi, car je ne parle pas des autres,. et personne ne pourra se plaindre que je lui fasse le tort de, lui preter mon caractere. Je suis assez juste la-dessus, mais je dis mon opinion pour ce qui me regarde, et· je la dis' librement.: il me serait fort agréable d’avoir de laréputation, si elle venait me chercher; mais il est trop fatigant de ceurir apres elle, et trop peu tlatteur del’atteindré,1orsqu’el1e coute tant de soins. Si j’avais plus de santé, et si j’aimais assez la gloire pour lui douner ma _ paresse, je la voudrais plusgénérale etplus avantageuse que — celle qu’on attache aux fsciences *. Pour vous, mon chcr ¤ Vauvena.rgucs,dans plusieurs eudroits de son livre, et, notamment, dans le 60• Garactérc, a déja exprimé ce dédain pour les gens de lettres et pour In glolre littéraire; il eut préféré, il le dit lui—meme, une gloire plus généralc, et. R