CORRESPONDANCE. 2I9 dest pas surpreuaut du tout que madame votre mere l'ait refusé a M. de Durfort; il serait bien moins nature] qu’el|e le lui eut accordé. Employez, mon cher Mirabeau, qual- - qu’un qui soit moins aimable, et vous pourrez réussir; mais laissez tomber cela, n’en parlez jamais vous-meme; il ne faut jamais heurter de front. Je vous expliquerai bientot ce qu’a dit le chevalier; vous verrez qu’on n’a point de tort; n’épuisez pas votre feu contre des moulinsa vent; je ne passe nullement pour étre un bon oiiicier; je n’ai pas meme Yinstinct que demands mon emploi * ; mais je veux, de tout mon-cueur, que l’on me mette des comes, si je ne justifie pas ce que vous me demandez *. Adieu. 68. — MIRABEAU ll VAUVENARGUES. De Mirabeau, ce 15 aout t740. Vous me promettez, mon cher raisonneur, que vous viendrez vous établir ici; c’est ainsi que je veux voir mes amis; les lieux me sont _ égaux; si j’avais a choisir, je ne vivrais qu’avec_eux; dans la retraite, ils me trouvent, comme tout le monde, singulier, mais doux, bon, et amusant; pres de tout le monde, je ne vaux rien; c’est un malheur; peut-etre me corrigerai—je, mais, jusqu'a present, je suis bien loin en- core d’avoir obtenu cette supériorité sur moi-meme. Vous me demandez comment je fais avec tout ce peuple horriblement · ennuyeux? J’ai le défaut, si je ne fais pas quelque chose, de ne pou- voir rester en place; je mule sans cesse, la tete basse, et la vivacité et la volubilité de mos idées donnent la torture a mon corps; avec ces gens—la, doac, je suis un moment a rouler, et a faire des questions qui puissent me servir a la connaissance de Pagriculture, dontje fais main- tenant une étude; j'en tire quelques mots, je leur dis adieu, et je re- gagne mon cabinet. — Et ou avez-vous pris, me direz-vous, ce gout _ nouveau pour Pagriculture ? — C‘est que je sens qu’un philosophe doit iinir par la, non pas par celle qui vous met sans cesse en détail avec 10* Rapproebez du 12• Conseil d un Jeune homme, et, surtout, du 15• Dia- ` guatuvgargnres répond it une lettre qui, malbeureusement, nous manque , et nous edt fait comprendne la tin de celle·ci. -— G. K i
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