Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/237

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1 CORRESPONDANCE., 22t tout, j’aime psu la poésie, et, de toutes les choses ennuyeu- ses, cells qui m’ennuie le plus, c’est de lire des vers me- diocres; mais les votres ne sauraient etre de la sorte, et, venant de vous, ils m’intéresseront toujours. Je voudrais . bien les voir a Mirabeau ; j’ai grande envie de m’y rendre, et vous m’auriez déja chez vous, si ma santé le voulait; mais js suis dans un regime si austere et si incommode, que . force m’est de rester ici, quoique je m’y ennuie beaucoup. Mon psre n’ira pas vous voir; sa santé ne le lui permet pas, mais il est tres·sensible a la maniere dont vous l’en prisz, quoiqu’il ne puisse pas profiter de votre bonus volonté. Je vous prie de fairs bien des compliments au chevalier: pourquoi n’a-t·il pas mis un mot dans votre lettre? vous avez beau dire, il m’oublie; il faut que j’aille réveiller son ` amitié, et interrompre son travail, qui est trop long; cela ruinera sa santé. La lecture est excellente ; écrirs est encore mieux; mais il n’y a que la conversation qui rende l’esprit maniable, et qui nous apprenne a nous en servir; il n’y a rien de si•misérable que de savoir écrire, quand on ne sait pas parler; il faut allier l’un a l’autre, et s’exercer sn tout, afin d’etrs propre a tout. Les ouvrages de M. de Boulainvilliers sont tres-instruc- tifs : apparemment, c’est l’HnLstoirs ds Fancisn gouvcmsment que le chevalier extrait; j ’en fais un extrait moi-meme, nous les comparerons ensemble. Mais ou prenez-vous, je vous prie, que cet auteur-la soit sec? il est bon j usqu’a la moelle des os! Pour moi, j’ai toujours trouvé son style tres- embarrassé ; il manque de netteté et d’élégance; il est par- _ tial, prévenu; il ne raisouns pas toujours conséquemment; mais ou trouver plus de force, plus d’intérét, plus de vie, plus de caracteres mieux peints, et des sentiments plus hauts, plus libres, et plus hardis? Je ne connais point d’au- teur qui mette tant de passion et d’ame dans ses paroles : est-ce la, mon cher Mirabeau, ce qu’on appells la séche- resse? Mais peut-etre n’avons-nous pas lu les memes ou- vrages de lui : je le veux croire, pour l’auteur, qui me toucbe