Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/244

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228 CORRESPONDANCE. Vincens, je ne sais si j’ai donné lieu `a cette plaisanterie; il échappe quelquefois a l'amour-propre , dans la liberté de . l’amitié, des vanités bien grossieres : si cela m’est arrivé, oubliez—le, je vous prie, ne me le reprochez plus, je vous en fais des excuses, je me mets entre vos mains; vous auriez mauvaise grace, apres ce retour sincere, de ne pas me par- dormer. Mais vous-meme, mon 6her Saint-Vincens, n’avez·vous pas besoin de ma propre indulgence? Je vous fais part d’un projet, je vous propose d’y entrer, je vous découvre mon caaur, je me livre, je me ilatte; et vous, au lieu de répondre a toutes mes espérances, vous me parlez du pro- jet, sans dire un seul mot de vous. Dois-je prendre ce si- ` lence, mon cher Saint-Vincens, pour un refus, pour une indétermination, ou pour un consentement, au cas que j’aie le bonheur de trouver ce que je cherche? Eclaircissez-moi _ la·dessus; je ne doute point de votre cceur, de votre sin- cere amitié; ehl le moyen d’en douterl mais il importe it ma joie et e ma tranquillité, de savoir si nous pourrons passer notre hiver ensemble, ou si cela ne se peut; vous nc me soupoonnez pas de la moindre inquiétude surun inte- ret si sensible; vous ne répondez pas un mot; en vérité, j’en suis blessé. Justifiez-moi tout cela; je meurs d’impa- tience, mon cher Saint-Vincens, d’etre instruit devos rai- ·sons, et vous embrasse, en attendant, de tout mon coeur. _ 7lt. — LE MEME AU MEME. [A Vauvenargnes,". novembre t740.] Je suis persuadé, mon cher Saint-Vincens, que vous me rendez justice, et je reprends mes reproches; ils n’étaient pas bien fondés; mais je sens avec déplaisir les obstacles qui nous traversent, et qui renversent mon plan. ll m’est