Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/303

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{ CORRESPONDANCE. 287 les idées que vous en avez. Je suis bien touché de la part que vous voulez prendre aux sul}`ragesqu’il a obtenus; mais vous estimez trop ce petit succés. ll s’en faut de beaucoup, mon cher ami, que la gloire soit attachée a si peu de chose; vous vous moquez de moi, quand vous me parlez la-dessus, comme vous faites. Un homme, qui a un peu d’ambition, serait bien vain, s’il croyait avoir mérité de telles louanges pour avoir fait un petit livre; ce qui me touche, mon cher Saint·Vincens, c’est qu’elles viennent de votre amitié. C’est cette amitié qui m’honore, et qui me fait aimer moi-meme la vertu, alin de vous plaire toujours, et de vous faire esti- mer, si je puis, les sentiments que je vous ai voués jusqu’au tombeau. X Je vous prie, mbn cher Saint—Vincens, de dire a mon fréie que j’ai recu avant- hier l’huile qu' il m’a envoyée, parce que je ne pourrai peut·étre pas lui écrire par ce courrier. Je vous prie de l’aimer et de vivre avec lui; outre qu’i1 est mon frere, il est mon plus cher ami. ll appartient peut-étre. a d’auu·es de le louer de beaucoup de choses; mais il m’est permis, je crois, de dire, que rien n’égale la noblesse de ses sentiments et la beauté de son naturel : je vous ai dit souvent la méme chose, mais vous pardonnez a l’amitié de Q trouver du plaisir a les redire. Je suis faché que vous ne me disiez jamais un mot de la Provence dans vos lettres, et que vous oubliiez meme de me parler des personnes que vous savez que je considere le plus.