Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/31

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DMLOGUBS; ts. la verité ne blesse plus. Mais revenons it notre sujet : dites- moi quelles sont lesequalités que vous exigeriez dans un WWW- , - . . — W r nmuosrunue. _ p ` Je vous liai deja dit : un grand genie, une forte imagi- nation, une ame sublime. Je voudrais done qu’un homme, qui est né avec cette supériorité de genie qui porte a vou- loir régner sur les esprits, approfondtt d’abord les grauds principes de la morale ; car toutes les disputes des hommes ne roulent que sur le juste et finjuste, sur le vrai et·le faux; et Péloquence est la médiatrice des hommes, qui ter- mine toutes ces disputes. Je voudrais qu’un homme elo- quent fut en état de pousser toutes ses idées au-dela de . l’attente de ceux qui l'écoutent, qu’il sorttt des limites de leur jugement, et qu’il les maftrisat par ses lumieres, dans le meme temps qu’il les domine par la force de son imagi- nation, et par la vébémence de ses sentiments. ll faudrait _ qu’il fut grand et simple,-énergique et clair, véhément sans dedamation, élevé sans ostentation , pathétique et fort ‘ sans enilure. J’aime encore qu’i1 soit hardi, et qu’il soit capable de prendre nm grand essor; mais je veux qu’on soit force de le suivre dans ses écarts, qu’il sorte na- turellement de son sujet, et qu’il y rentre de meme, sans le secours de ces transitions langnissautes et méthodiques, qui refroidissent les meilleurs discours. Je veux qu’il n’ait jarnais d’art, ou, du moins, que son art consiste it peindre- la nature plus fidelement, a mettre les cboses a leur place, a ne dire que ce qu’il faut, et de la maniere qu’il le faut. Tout ce qui s’écarte de la nature est- d’autant. plus asset-, tueux qu`il s’en éloigne davantage : Ie sublime, la véhé-· mence, le raisonnement, la magniticence, la simplicité, la hardiesse, toutes ces choses ensemble ne sont que l’image d’une nature forte et vigoureuse ; quiconque n’a point cette nature ne peut l’imiter. (Pest pourquoi il vaut mieux écrire froidement, que de se guinder et de se tourmenter pour dire ou de grandes choses, ou des choses passionnées.