Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/315

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CORP.ESPO_NDANCE. ' 290 un mot des mouvemeuts des ennemis, du passage du Var, · de la conduite singuliere des Espagnols *, et de tout le reste? On est, ici, dans une violente inquietude depuis deux jours : la mienne doit etre plus vive que celle des autres; elle l’est aussi, mon cher Saint·Vincens, et vous en savez les raisons. - Le marecbal de Belle—lsle ayant refuse nos troupes, je crois que je puis etre dispense de faire un voyage en Pro- vence, qui ne me paralt plus aujourd’bui si nécessaire, et qui, certainement, nuirait beaucoup a ma saute et a mes yeux; mais je suis tourmenté des réilexions que je fais sur ` _les miséres de notre province, sur la position de ma famille et de mes amis, et sur ma propre situation. Je vous serai sensiblement oblige, si vous voulez m’ecrire_que1quefois, jusqu’a ce que mon frere soit a Aix; vous comprenez, mon cher ami, combien je dois etre occupé de vous et de la Pro- vence, en de telles circonstances. Je ne vous dis pas a quel point je vous suis attache; vous le savez. Je vous aime, et vous embrasse bien tendrement. m. - LE MEME AU Mmm. A Paris, le 27 décembre l746. Je suistres-sensiblement touche, mon cher Saint-Vincens, des miseres de notre province. ll y a bien des gens ici, comme a Aix, qui blament la conduite de M. le marechal de Belle·lsle *; mais il est difficile de juger, lorsqn'on n’est pas sur les lieux, et qu’on n’a pas une connaissahce exacte • Volr la note precedents. — G. ¤ Lo mareclnal de Belle-Isle • était, dit Voltaire, sans armee et sans argent". ·¤ II eut besucoup de peine s emprunter, en son nom, cinquante mille écus, · pour subvenir aux plus pressants besoins. • II étsit done reduit it se tenir sur ls defensive, et s laisser ravager, presque irnpunement, les villes et les cnmpagnes; mais, bien que son inaction fnt forcec, lcs habitants ne s’en plai- gnaient pas moins vivomont. — G.