Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/84

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s 88 FItAG!EN'1‘S.· wutes les clioses humaiues sont sensiblement infeotees, et prepare, dans la grandeur meme des empires, leur inevi- table ruine. - Que d’bommes inutiles en France! que de legistes, que de valets, que de religieux! que de bourgeois, qui crou- pissent dans l’oisivete des villes, et privent le royaume de leur industrie et de leur travail! La plupart de ces maux irremédiables ont leur source dans la grandeur de 1’Etat. · et dans la prospérite meme de ceux qui lesproduisent. ll semble a quelques hommes qu’on pourrait reparer ce de- sordre, en faisant tomber sur les riches les charges les plus onereuses; mais qu’arriverait—il de la? llsdiminueraient _ leurs dépenses, ou a la ville, ou a la campagne; si a la cam- pagne, les terres deperiraient; si a la ville, le commerce; et, alors, les artisans on les paysans, sans travail, -seraient`re· duits a 1’aum6ne·ou a quitter leur pays, alternative égale· ment ruineuse pour l’Etat. _ Je suis persuade que, dans le Royaume, on n’a jamais vu autant d’argent qu’il s’y en trouve a present; mais il est apparent que les denrees ont augmente sans proportion a l' argent, ee qui fait que tant de millions ne peuvent cepen- " dant suliire a la facilite des echanges, et que le.Boi ne peut pas faire le recouvrement des impots, sans interrompre ou . gener le cours du commerce,-diminuer le travail et·la con- sommation, et, par consequent, le produit de la terre et de l’industrie. Comment porter remede a ce mal? Diminuer les impots ? mais cela ne se peut pas, car les charges de l’Etat sont augmentees; il soulfrirait de cette diminution, et l’Etat ne peut etre en soullrance, que tous les citoyens n’y soient eu meme temps que lui. Hausser les especes? non, car les den- rees hausseraient dans la meme proportion. Baisser les especes? encore moins, car les denrees baisseraient, et le recouvrement des impots deviendrait plus difficile encore. On pourrait faire une refonte des monnaies, hausser les nouvelles, et baisser les anciennes; mais il en arriverait