Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ennuyer : nul art ne le peut.

Les sages se trompent encore en offrant la paix aux passions ; les passions lui sont ennemies. Ils vantent la modération à ceux qui sont nés pour l’action & pour une vie agitée ; qu’importe à un homme malade la délicatesse d’un festin qui le dégoûte ?

Nous ne connaissons pas les défauts de notre ame, mais quand nous pourrions les connaître, nous voudrions rarement les vaincre.

Nos passions ne sont pas distinctes de nous-mêmes ; il y en a qui sont tout le fondement & toute la substance de notre ame. Le plus foible de tous les êtres voudrait-il périr pour se voir remplacé par le plus sage ?

Qu’on me donne un esprit plus juste, plus aimable, plus pénétrant, j’accepte avec joie tous ces dons, mais si l’on m’ôte encore l’ame qui doit en jouir, ces présents ne sont plus pour moi.