Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/168

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fon esprit & son cœur au-deflus de sa condition ? Qui peut se fauver des foiblefles que la médiocrité traîne avec foi ?

Dans les conditions éminentes, la fortune au moins nous difpenfe de fléchir devant fes idoles. Elle nous difpenfe de nous déguifer, de quitter notre caractere, de nous abforber dans les riens : elle nous éleve fans peine au-deflus de la vanité & nous met au niveau du Grand, & fi nous fommes nés avec quelques vertus, les moyens & les occafions de les employer font en nous.

Enfin, de même qu’on ne peut jouir d’une grande fortune avec une ame bafie & un petit génie ; on ne fauroit jouir d’un grand génie ni d’une grande ame, dans une fortune médiocre.