Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/246

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Corneille l’avantage du génie. Qu’on emploie cette diftin&ion pour marquer le caraftere d’un Faifeur de phrafes, je la trouverai raifonnable : mais lorfqu’on parle de l’art de Racine, l’art qui met toutes les chofes à leur place ; qui cara&érife les hommes, leurs payions, leurs mœurs, leur génie; qui chafle les obfcurités, les fuperfluités, les faux brillans ; qui peint la nature avec feu, avec fublimité & avec grace ; que peuton penfer d’un tel art, si ce n’est qu’il est le génie des hommes extraordinaires, & l’original même de ces régies que les Ecrivains fans génie embraffent avec tant de zele & avec si peu de fuccès ? Qu’est-ce dans la mort de Céfar que l’art des harangues d’Antoine, si ce n’est le génie d’un esprit fupérieur, & celui de la vraie éloquence ?

C’est le défaut trop fréquent