Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/255

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ferviroit à le perpétuer dans les admirateurs trop paffionnés de ce grand Maître.

Les gens du mêtier font plus indulgens que les autres à ces défauts, parce qu’ils ne regardent qu’aux traits originaux de leurs modéles, & qu’ils connoifî’ent mieux le prix de l’invention & du génie. Mais le reste des hommes juge des Ouvrages,tels qu’ils font, fans égard pour le temps & pour les Auteurs. Et je crois

3u’il feroit à défirer que les Gens e Lettres vouluflent bien féparer les défauts des plus grands hommes de leurs perfections. Car fî l’on confond leurs beautés avec leurs fautes par une admiration fuperftitieufe, il pourra bien’ arriver que les jeunes gens imiteront les défauts de leurs Maîtres, qui font aifés à imiter, & n’atteindront jamais à leur génie.