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Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/29

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non contestée. Nous n’employons dans la plûpart de nos raisonnemens que nos réminiscences ; c’est sur elles que nous bâtissons ; elles sont le fondement & la matiere de tous nos discours. L’esprit que la mémoire cesse de nourrir, s’éteint dans les efforts laborieux de ses recherches. S’il y a un ancien préjugé contre les gens d’une heureuse mémoire, c’est parce qu’on suppose qu’ils ne peuvent embrasser & mettre en ordre tous leurs souvenirs ; parce qu’on présume que leur esprit ouvert à toute sorte d’impressions, est vide, & ne se charge de tant d’idées empruntées, qu’autant qu’il en a peu de propres : mais l’expérience a contredit ces conjectures par de grands exemples. Et tout ce qu’on peut en conclure avec raison, est qu’il faut avoir de la mémoire dans la proportion de son esprit, sans quoi on se trouve nécessaire-