Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/32

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qu’ils sont sans passions ; car les passions fertilisent l’esprit sur les choses qui leur sont propres. Et cela pourroit expliquer de certaines bizarreries : un esprit vif dans la conversation qui s’éteint dans le cabinet ; un génie perçant dans l’intrigue qui s’appésantit dans les sciences, &c.

C’est aussi par cette raison que les personnes enjouées, que tous les objets frivoles intéressent, paroissent les plus vives dans le monde. Les bagatelles qui soutiennent la conversation, étant leur passion dominante, elles excitent toute leur vivacité, & lui fournissent une occasion continuelle de paroître. Ceux qui ont des passions plus sérieuses, étant froids sur ces puérilités, toute la vivacité de leur esprit demeure concentrée.