Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/35

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y a des hommes qui conçoivent très — distinctement, & qui ne raisonnent pas conséquemment. Leur esprit trop foible ou trop prompt ne peut suivre la liaison des choses, & laisse échapper leurs rapports. Ceux-ci ne peuvent assembler beaucoup de vûes, & attribuent quelquefois à tout un objet, ce qui convient au peu qu’ils en connoissent. La netteté de leurs idées empêche qu’ils ne s’en défient. Eux-mêmes se laissent ébloüir par l’éclat des images qui les préoccupent ; & la lumiere de leurs expressions les attache à l’erreur de leurs pensées.

La justesse vient d’un sentiment du vrai formé dans l’ame, accompagné du don de rapprocher les conséquences des principes, & de combiner leurs rapports. Un homme médiocre peut avoir de la justesse à son degré, un petit ouvrage de même. C’est sans dou-