Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/42

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& voilées : nous avons confondu la délicatesse & la finesse, qui est une sorte de sagacité sur les choses de sentiment. Cependant la Nature sépare souvent des dons qu’elle a faits si divers : grand nombre d’esprits délicats ne sont que délicats ; beaucoup d’autres ne sont que fins ; on en voit même qui s’expriment avec plus de finesse qu’ils n’entendent, parce qu’ils ont plus de facilité à parler qu’à concevoir. Cette dernière singularité est remarquable ; la plûpart des hommes sentent au-delà de leurs foibles expressions : l’éloquence est peut-être le plus rare comme le plus gracieux de tous les dons.

La force vient aussi d’abord du sentiment, & se caractérise par le tour de l’expression ; mais quand la netteté & la justesse ne lui sont pas jointes, on est dur au lieu d’être fort, obscur au lieu d’être précis, &c.