Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res, elles peignent le caractere de l’esprit ; ainsi ceux qui approfondissent vivement les choses, ont des saillies de réflexions ; les gens d’une imagination heureuse, des saillies d’imagination ; d’autres des saillies de mémoire ; les méchans, des méchancetés ; les gens gais, des choses plaisantes, &c.

Les gens du monde qui font leur étude de ce qui peut plaire, ont porté plus loin que les autres ce genre d’esprit ; mais parce qu’il est difficile aux hommes de ne pas outrer ce qui est bien, ils ont fait du plus naturel de tous les dons un jargon plein d’affectation. L’envie de briller leur a fait abandonner par réflexion le vrai & le solide, pour courir sans cesse après les allusions & les jeux d’imagination les plus frivoles ; il semble qu’ils soient convenus de ne plus rien dire de suivi, & de ne saisir dans