Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sere sans leur force, ne se passionnent jamais autant, car ils n’osent rien espérer ; ni ceux qui ne sentent que leur force sans leur impuissance, car ils ont trop peu à désirer ainsi il faut un mélange de courage & de foiblesse, de tristesse & de présomption. Or, cela dépend de la chaleur du sang & des esprits ; & la réflexion qui modère les velléités des gens froids encourage l’ardeur des autres, en leur fournissant des ressources qui nourrissent leurs illusions d’où vient que les passions des hommes d’un esprit profond sont plus opiniâtres & plus invincibles, car ils ne sont pas obligés de s’en distraire comme le reste des hommes par épuisement de pensée ; mais leurs réflexions, au contraire, sont un entretien éternel à leurs désirs, qui les échauffe ; & cela explique encore pourquoi ceux qui pen-