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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/195

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passait au bout du parc de Grandlieu. Il semblait naviguer sur une mer de gazon parce qu’une déclivité du terrain cachait la Seine… Quand le navire eut disparu, elle laissa de nouveau courir sa plume sur le papier.

… Un mariage en toute intimité, puisque ni François ni moi n’avons de famille.

Tu as une famille, des parents, Lina, tu ne peux imaginer combien pèse la solitude. Je le reconnais ; ce poids de la solitude a certainement aidé la balance du destin quand je me suis décidée à répondre affirmativement à la demande en mariage de mon cousin.

Je regrette l’incident qui vous opposa l’un à l’autre. À la réflexion, je comprends que j’en suis la seule fautive. Je t’avais décrit François d’une façon si parfaite, et tu as tellement d’affection pour moi !… que tu ne pouvais pas être autrement que prévenue contre lui. Le tort de François est sa vivacité. Mais qui est parfait en ce monde ? Quoi qu’il en soit, je ne peux que reconnaître ses efforts, depuis que j’ai accepté d’être sa fiancée, pour se dominer et m’être agréable.

François a tenu à ce que nous fassions un contrat de mariage. Nous sommes allés le signer chez M Lemasle, à Pont-Audemer, tout est donc parfaitement en ordre. Nous serons mariés sous le régime de la séparation de biens, ce qui est assez amusant, puisque le château nous appartient toujours en indivision.

Nous allons avoir beaucoup de travail, Fran-