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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/21

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Sans plus s’occuper d’elle, il reprit l’œuvre de calligraphie sur laquelle il était penché, en tirant la langue avec application.

Colette s’assit entre un imposant paysan moustachu et une petite vieille desséchée par les ans. Elle se mit à contempler les rayons chargés d’énormes livres reliés en peau verte, portaient chacun un millésime. Cette extraordinaire collection l’orgueil du notaire remontait jusqu’en 18… Certains volumes, beaucoup plus larges que d’autres, marquaient les années de prospérité. Il y avait même deux volumes pour 19.., année remarquable par le nombre d’actes enregistrés.

Soudain, une double porte s’ouvrit. Toute une famille sortit du cabinet du notaire et le paysan se leva, fendit hardiment le groupe pour remonter jusqu’à Me Lemasle, qui lui tendait la main.

Contre toute attente, le paysan ne fit qu’une rapide incursion de l’autre côté de la double porte. Quant à la petite vieille, elle fut appelée par un clerc retranché derrière un paravent.

Mlle Semnoz.

Colette bondit de sa chaise. Elle salua discrètement Me Lemasle et franchit avec émotion la porte que le notaire lui tenait largement ouverte, d’un geste un peu théâtral.

— Asseyez-vous, mademoiselle.

Me Lemasle fit le tour de son bureau, s’assit avec précaution en tirant sur le pli de son pantalon et, mettant ses lunettes avant de regarder la jeune fille :