XXIV
Jusqu’à l’instant précis où le train démarra, Colette avait senti l’angoisse lui serrer le cœur.
Maintenant, emmenée dans la nuit, il semblait à la jeune fille qu’un nouveau chapitre de sa vie commençait. Elle ressentait un incommensurable bien-être, une réelle joie de vivre.
À Glos-Montfort, il lui fallut changer de train et, brusquement, sur le quai, alors qu’elle se dirigeait d’un pas alerte vers son nouveau wagon, elle vit, à deux pas devant elle, l’homme, l’ami de François. Il marchait devant elle et Colette se cacha derrière un groupe de soldats en permission. Elle réussit à prendre suffisamment de retard pour perdre de vue le mystérieux personnage.
Pour éviter de passer devant tous les wagons, — l’homme, au passage, pouvait la voir, — elle monta dans le premier compartiment où il y avait une place libre. Elle serait tranquille au