Page:Veber, Soulié - La Mariotte, 1903.djvu/72

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GOURON, terrifié, courant après elle et lui barrant la route.

Non ! non ! C’est pas vrai ! c’est pas vrai !

LA MARIOTTE

Tu m’as tourné le sang ! C’est que je t’aime, moi ! je ne pourrais pas souffrir que tu sois l’homme d’une autre.

GOURON

Ah ! bon… Ça va bien, alors.

LA MARIOTTE

Je ferais un malheur ou je quitterais le pays.

GOURON

Je t’en prie, La Mariotte, rendors-toi.

LA MARIOTTE

Eh bien, oui ! Je me rendormirai, si tu m’épouses !

GOURON

V’là que ça la reprend !

LA MARIOTTE

Si tu ne m’épouses pas il y a rien de fait !… Songe donc, on sera si heureux tous les deux mari et femme !… La semaine, je travaillerai de mon métier de dormeuse, le dimanche, tu m’éveilleras. Ce sera si gentil, hein ! tu veux ?

GOURON

Rendors-toi d’abord… je t’épouserai ensuite.

LA MARIOTTE

Oh ! pas de ça ! Épouse-moi d’abord !

GOURON

Tu te méfies !

LA MARIOTTE

Je prends mes précautions !

GOURON

Il faut trois semaines pour se marier ! D’ici trois semaines, demain, aujourd’hui, tantôt, il peut venir des clients pour te voir. Qu’est-ce que j’y répondrai ? « La