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— Je pensais que tu pouvais gagner ta vie autrement.

— Je t’ai dit que tu avais besoin de repos et tu sais que moi-même ai besoin de me soustraire à l’attention publique pendant quelques semaines et comme j’ai pour principe que les foules sont les meilleurs endroits pour se dissimuler, j’ai opté pour le Cirque, car je ne puis réellement plus rester à l’hôtel : c’est trop tranquille.

— Comme ça, tu pars pour le Cirque ? Quand cela ?

— Cette nuit même.

— Tu es vite en affaires !

— Je n’aime pas lambiner.

— Mais tu n’es pas encore engagé… ?

— Mais certainement.

— Montre-moi ton papier du Service Sélectif.

— Tu dois bien savoir qu’il n’est pas question de Service Sélectif avec moi. Je suis au-dessus des institutions de ce genre. Ce n’est bon cette affaire-là que pour fournir des chaises, l’hiver, à ceux qui n’ont pas de logis. Ils viennent passer leurs journées là pour se chauffer.

— Te voilà donc employé de Cirque ! Je te félicite.

— Merci.

— Tu n’as pas eu besoin de références, je suppose ? Tu as simplement dit au directeur : Je suis Guy Verchères, vous savez celui qu’on a susnommé le Gentleman-Cambrioleur, le fameux Verchères, cousin de l’autre nom moins fameux Verchères, qui écrit mes aventures, et aussitôt le directeur s’est empressé de te jeter un maillot et un fouet pour t’amuser avec les bêtes.

— C’est presque comme cela que cela s’est passé. Mais je dois t’avouer que je ferai partie du cirque, incognito. Je m’appelle pour les besoins de la cause : Paul Claveau, dompteur.

— Et ce type existe-il ?

— Naturellement. J’ai beaucoup de capacités, mais je ne crée pas ainsi un homme de but en blanc, qui a des références et des états de services.

— Ainsi tu as rencontré, ce Claveau, l’as fait jaser, puis lui a dit comme ça : Mon vieux, les éléphants sont trop gros pour toi, je vais aller te remplacer, et l’autre t’a remis le fouet et ses papiers ?

— C’est presqu’ainsi. Je lui ai proposé de le remplacer. Je dois d’abord t’avouer que nous nous ressemblons étrangement. Je n’ai qu’à couper ma moustache et je suis certain qu’on n’y verra que du feu.

— Tu vas prendre la place d’un type qui a été avec le cirque pendant des années, des mois au moins et tu te figures que personne ne s’apercevra de la substitution ?

— Tu vas toujours trop vite aux conclusions, toi. C’est un autre de tes défauts.