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H. VERGNE ET J. VILLEY.


CHAPITRE IV.

ÉQUILIBRE CHIMIQUE D’UN MÉLANGE FLUIDE HOMOGÈNE.


22. Notion de transformation chimique. — Abordons maintenant les cas plus complexes où il se produit des transformations chimiques. Nous entendons par là que les molécules cessent d’être les éléments matériels invariables envisagés jusqu’ici, et que les atomes dont elles sont constituées donnent naissance, par des groupements nouveaux, à des molécules nouvelles de constitution différente.

Nous réunissons donc indifféremment, sous la désignation, de transformation chimique, les polymérisations, les transformations allotropiques, les dissociations thermiques (soit en atomes, soit en fractions de molécule, assimilables à des molécules nouvelles), et les réactions chimiques proprement dites où les atomes constitutifs de deux ou plusieurs espèces de molécules se regroupent dans de nouveaux assemblages moléculaires.

Même dans le cas le plus simple de la dissociation thermique d’un gaz pur diatomique, la transformation chimique aboutit à un mélange. Ce mélange contient des molécules du gaz initialement introduit, et des atomes provenant de leur dissociation qui sont exactement assimilables à des molécules de gaz monoatomiques. Une réaction chimique peut aboutir à des produits qui se sépareront spontanément dans des phases non miscibles ; mais nous étudierons seulement ici le cas où les produits initiaux et les produits de la transformation sont susceptibles de rester mélangés dans une même phase fluide dont l’équilibre thermodynamique assurera l’homogénéité.

Les transformations chimiques comportent essentiellement la rupture ou l’établissement de liens réalisés par les forces interàtomiques que nous appelons forces chimiques, c’est-à-dire des variations d’énergie potentielle chimique. Il est donc indispensable de prendre en considération l’énergie potentielle chimique du système, qui fait partie de son énergie interne globale.

Dans les systèmes sans transformations chimiques, nous avions pu passer sous silence cette énergie chimique parce qu’elle nous apparaissait comme invariable, et par là comme sans intérêt dans nos