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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/104

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œuvres de émile verhaeren


Oh ! ces vitres par où l’on voit,

Au long de blancs murs droits,
Traîner les vieux, de fenêtre en fenêtre ;
Et ces couloirs où l’on entend
Sonner le bruit intermittent
De leurs bâtons de hêtre ;
Et ce piteux et pauvre banc,
Où, deux par deux, au jour tombant,
Ils s’arrêtent et longuement se taisent,
Quand leurs pipes, comme des braises,
Brûlent seules, de leurs points d’or,
Le vide obscur et mort

Des corridors !


Les vieux, les pauvres vieux, avec leur dos en bois,

Et leurs regards lointains, et leur défunte voix,
Et leurs craintes durant les insomnies,
Et leur patience à compter le temps,
Et l’égoïste et mécanique entêtement

De leurs manies !


Voici la nuit qui tombe et attise leurs maux ;

Voici leurs lents départs, comme les mots
Monotones des litanies,
Et leur silence, au fond du vieux dortoir,
Où les cierges éclaireront, un soir,

Leurs agonies.