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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/109

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les villes à pignons
Et ceux que le lundi pousse jusqu’à Termonde ;

Tous, ils rentrent, le soir, avant la nuit, chez eux,
Sans que jamais aucun ne laisse errer ses yeux

Au long des rails brûlants, qui vont au bout du monde.


Un va-et-vient prévu de charriages las

Circule, autour de vieux hangars, là-bas ;
Un camion s’éloigne, un camion arrive ;
On hèle, au cabaret, quelques débardeurs soûls,
Et les wagons chargés sont poussés bout à bout,

Et se heurtent, comme entraînés à la dérive.


Mais, dès que le jour tombe, et que s’en vont rentrer

Ceux-ci d’Alost, ceux-là de Deynze et de Courtrai,
La gare,
Une dernière fois, tremble et s’effare,
Et se remplit de bruit ;
Puis, doucement s’enfonce et se clôt dans sa nuit ;
Et l’on n’entend plus rien dans la salle d’attente,
Où seul un bec de gaz reste allumé,
Que le grincement dur d’une plume irritante,

Près d’un guichet fermé.