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œuvres de émile verhaeren


LE JOUR DES ROIS


Par ces vieux soirs des mois vides, le train circule
De forêt en village et de bruyère en bourg ;
Le train grinçant et dur, le train torpide et lourd
Qui semble charrier les blocs du crépuscule.

Les longs et noirs wagons roulent parmi l’hiver,
— Ressorts bandés, essieux tendus, bâches gonflées,
Trouant l’espace entier d’une brusque vallée
De chocs, de cris, de bruits et de plaintes en fer.

La plaine est blanche et dort sous les givres candides ;
La plaine au loin reluit comme un minerai blanc ;
La plaine est dans l’attente et dans l’émoi tremblant
D’on ne sait quoi de clair, de vierge et de splendide.