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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/149

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les plaines


Les vieux fermiers parlent du temps

Comme d’un angoissant mystère
Qu’ils ont surpris, depuis longtemps,
Dans leurs ruses avec la terre ;
Leurs souvenirs, durs et tassés,
Serrent en eux tous les printemps passés,
Et les hivers monumentaux de glace,
Lorsque le froid dallait l’espace
D’un grand chemin compact et blanc,
Emprisonnant les eaux et rejoignant les landes,

Jusqu’en Hollande.


Ils n’écoutent jamais que les pêcheurs d’Escaut

Qui, mieux qu’eux tous encor, surprennent
À la couleur des loins, aux mouvements de l’eau,
Quelle sombre ou claire étrenne
Apportera demain aux bateliers ;
Ils consultent aussi les blancs et doux meuniers
Autour de qui voyage
Le ciel entier, avec sa brume et ses nuages,
Et sa terreur, et sa folie, et ses soleils,
Et tant de météores

Qu’ils ignorent.


Quant aux jeunes, dont le poil est vermeil
Et qui lisent les gazettes falotes,