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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/160

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œuvres de émile verhaeren
La prétentaine,

Fait se pâmer, à l’unisson,

Les nez, les cœurs et les bedaines.


Venant des champs et des bruyères,

Les servantes et les commères,
Paniers au bras,
Déjà sont là
Pour emporter, en s’y chauffant les mains,
Les pains ardents, les pains
Joyeux, luisants, transfigurés,

Les pains pareils à des sabots dorés.


Jour de fête, jour de bien-être !

On regarde, par les fenêtres,
Hommes, femmes, enfants et vieux
Couper les pains par le milieu
Et tout à coup, crever le boudin formidable.
Lards et graisses poissent la table.
Du lait crémeux, du café chaud
Emplit jusques au bord les pots,
Et dans un coin les chiens grognent et se querellent
Autour des croûtes et des peaux

Qu’on leur jette au hasard en de larges écuelles.