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les villes à pignons


Seule, quand le marché aligne au jour levé,

Sur le trottoir, ses éventaires,
Un peu de vie hebdomadaire

Se cache aux joints de vos pavés.


Ou bien, quand la kermesse et ses cortèges d’or
Mènent leur ronde autour des rues,
L’émoi des foules accourues

Vous fait revivre une heure encore.


Vos mœurs sont pareilles à vos petits jardins :

Buissons corrects, calmes verdures,
Mais une odeur de moisissure

Séjourne en leurs recoins malsains.


Vos gestes sont prudents, mesquins et routiniers,

Vous ne penchez sur vos négoces
Que des yeux mornes ou féroces,

Qui ne comptent que par deniers.


Vos cerveaux sans révolte et vos cœurs sans fierté

Se complaisent aux moindres choses,
Et de pauvres apothéoses

Font tressaillir vos vanités.