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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/241

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les plaines


Avec gêne d’abord on entame les plats ;

Mais, dès que l’entrain monte et que la faim s’aiguise,
Les plus francs des mangeurs, autour des poulets gras,
Bâfrent en manches de chemise.

Les tourtes et les flancs apparaissent dans l’or
Des papiers découpés et des assiettes peintes ;
Et pour sabler le vin plus goulûment encor
On boit au broc et à la pinte.

Et le curé se lève et parle avec lenteur
Du ménage futur et des enfants à naître
Et de l’espoir qui tout à coup lui monte au cœur
Qu’un des garçons se fera prêtre.

Et le soir de septembre envahit l’horizon
Et baigne et ralentit et disperse la fête ;
Et des pas inégaux battent la nuit muette
Et s’éloignent aux horizons.

Avec sa lourde jupe à moitié dégrafée
La fermière a gagné la grand’chambre là-haut,
Et range en un tiroir son corsage à rinceaux

Et ses manches ébouriffées.