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œuvres de émile verhaeren


En mantelets profonds et noirs,

Le dimanche, elles vont au prêche ;
Au temps des offices, le soir,
Elles longent, dignes et rêches,
L’égout qui luit près du trottoir ;
Elles causent et s’attardent sous les poternes
En groupements obscurs,
Et la lueur oblique des lanternes

Double leur geste au long des murs.


Dites, avec quel soin, avec quel zèle !

Dites, depuis quel temps !
Elles servent invariablement
Un vieux curé maussade et impotent
Ou quelque vieille demoiselle ;
Ou bien encor, le marguillier, chrétien fervent
Qui tous les jours entend la messe,
Puis s’en revient, par le couvent,
Saluer, ponctuellement,

La chanoinesse.


Ainsi vivent-elles les servantes, là-bas,

À Dixmude, Courtrai, Lierre, Deynze ou Termonde,
Serrant la vie et mesurant le monde,
Avec leur aune vieille ou leur pauvre compas ;

Ainsi mènent-elles brouter leurs existences