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œuvres de émile verhaeren
Les maîtresses, aux airs de duègnes,

Pour mieux savoir
Feignent
D’abord de ne rien entrevoir ;
Mais les servantes les renseignent,
Flairant le mal dans tous les coins,
Prenant le ciel et la vierge à témoin,
Et tout à coup crispent le poing,

Là-bas, vers quelque rogue et farouche adversaire.


Et maîtresses et servantes, bientôt d’accord

Sur tous les vols dont l’échevin retors,
Et le notaire escroc et l’armateur faussaire
Ont ravagé le champ des communes misères,
S’oublient à remuer, avec un tel emportement,
Ces tas houleux de boue,
Qu’une se brûle en soulevant,
D’un trop rapide mouvement,

Le fer chauffé contre sa joue.


Se dépliant, se repliant,

Avec le va-et-vient tranquille et lent
D’une aile d’Ange,
Parmi cet unanime étalage de fange,

Se meut le linge immense et blanc.