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les villes à pignons

Les gais vanniers chantants
Fument, de temps en temps,
À large lippe,
Leur pipe.
Et c’est alors qu’entre les doigts,
Avec le plus d’adresse et de prestige,
Se recourbent les tiges
Des osiers droits ;
Le panier souple et robuste
Vire plus follement au creux de leurs genoux ;
Le marteau frappe et tous ses coups
Ajustent
Une nouvelle couronne de liens
Aux couronnes de liens anciens.
Les paniers clairs des ouvriers flamands,
Comme une solennelle escorte,
Attendent tous, au seuil des portes
— Ils sont pareils à des ventres gourmands —
Que les bateaux arrivent
Qui les emporteront là-bas, de rive en rive.
Un jour, ils partiront pour Formose ou Ceylan,
Sans que cède leur dos ou que crève leur flanc.
Ils seront fiers et lourds du poids de leurs richesses,
Puis ils s’étaleront sur les grands quais vermeils,
Avec l’or même du soleil
En fusion parmi leurs tresses.