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œuvres de émile verhaeren

C’est à croire qu’il porte
Sur son torse bombé et ses épaules fortes
Des morceaux de soleil.

En un panier bordé de soie
Sont étendus son arc et son carquois ;
Une tige de buis,
Dont le sommet lentement bouge,
Tend, devant lui,
L’ébouriffant plumage rouge
De l’oiseau d’or qu’il abattit.

Il traverse la rue aux Laines,
La cour du prince et le vieux bourg ;
Il marcherait à grands pas lourds
Sans perdre haleine,
Jusqu’au soleil couché.
Mais tout à coup les tintamarres
De la fanfare
Lui font accueil, sur le marché,
Les pistons crient et les tubas font rage
Sans nul répit, sans nul arrêt,
Et l’on promène du tapage
De cabaret en cabaret.