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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/89

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les villes à pignons
Le gros et compact tabac,

Qu’a resserré, avec une ardeur douce,
Leur pouce,

En des pipes neuves de Gouda.


Ils fument tous, et tous se taisent,

La bouche au frais, le ventre à l’aise ;
Ils fument tous et se surveillent
Du coin de l’œil et de l’oreille.
Ils fument tous, méticuleusement,
Sans nulle hâte aventurière,
Si bien que l’on n’entend
Que l’horloge de cuivre et son tictaquement,
Ou bien encor, de temps en temps,
Le flasque et lourd écrasement
D’un crachat blanc contre les pierres.
Et tous, ils fumeraient ainsi,
Inépuisablement, tout un après-midi,
N’était que les novices
Ne se doutent bientôt, à maints indices,
Que leur effort touche à sa fin,
Et que le feu, entre leurs mains,

S’éteint.


Mais eux, les vieux, restent fermes. En vain

Les petites volutes

Tracent peut-être, avec leurs fins réseaux,