Page:Verhaeren - Almanach, 1895.djvu/44

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À cet instant fugace et de détente
la madone des soirs à ses corbeaux commande.

Des troncs, de haut en bas cassés
comme si l’or d’un glaive en avait traversé
l’écorce encor fumante, éclatent et s’abattent.
Des chaumes roux soudainement en feu
s’ouvrent par le milieu
à la meute passante et volante des flammes
qui clament
vers l’horizon cuivreux.
Le fleuve bout à gros remous
contre des caps de limons roux
et noue entre eux ses flots de boue ;
des vols ramants d’oiseaux
sont culbutés dans l’eau,
la tête en bas, à coups de faulx,
et les tanguants navires
avec des bruits qui les déchirent,
le foc claquant et se gonflant à faux ;
chavirent.