Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/20

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ges, était peinte une saturnale païenne, vieille de deux siècles. La fresque avait été mal retouchée, mais on distinguait encore des enlacements de jambes, des torses de femmes renversées, des lions et des tigres couchés sous des caresses de mains blanches ; des satyres cyniques sarabandant, les pattes tortues, dans une sauterie de bacchantes. De petits amours voletaient, effleurant de leurs pieds nus les nudités rouges. Et toute cette mythologie, en tas, dans une bousculade de graisse, sortait du plafond et tombait dans le vide.

Autour de la salle, sur les étagères, les dressoirs, la plinthe des lambris, les guéridons, s’appesantissaient des magots, des silènes et des bacchus, la bedaine étalée sur un tonneau, les rires déchirant les lèvres, le doigt tourné vers la fossette vermillonnée du nombril. Une tétonnière énorme