Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/153

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À cette heure des temps, où la justice humaine
Divorce indignement d’avec celle de Dieu.
L’Angleterre est perdue. En nos Flandres, l’Église
Dans la bourbe des maux et des sectes s’enlise,
Le Saint-Empire est dévoré par mille erreurs,
L’ombre ternit le sceptre d’or des empereurs,
L’Europe est de vertige et de fureur saisie,
Peuples et rois n’ont plus la peur de leurs remords
Et l’on dirait que tous les vents hurlants des Nords
Sont à Satan et déchaînent l’apostasie.

Se calmant et suivant des yeux la lecture que fait le ROI.

Heureusement qu’il est dans l’univers une Espagne, la vôtre. La guerre des Maures, pendant des siècles, l’a exaltée. Elle n’a crainte ni du sang, ni des supplices. Aucun front, si haut soit-il, n’échappe à ses inquisiteurs. Vous avez fait brûler, Sire, Carlos de Sesse et sa femme Isabelle qui descendait du roi Pedro. Vous avez abattu Domingo de Rojas, de la famille des Posa. Un Cristoval d’Ocampo fut tué et son cadavre livré aux flammes. Quant à la marquise d’Amboise…

Au prononcé du mot « Amboise », le ROI instinctivement, par un brusque mouvement de dissimulation, cache la