Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/164

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J’aime son cœur tour à tour morne ou triomphant,
Que m’importent l’excès de ses haines mordantes
Et ses abattements et ses fureurs d’enfant !
Je l’aime tel qu’il est, et suis fière qu’il m’aime.
Je ne raisonne point combien cet amour même
Touche parfois à la pitié, combien…

PHILIPPE II (tout à coup sévère)

C’est outrager mon fils que de l’aimer ainsi.

LA COMTESSE (révoltée)

Oh ! Sire, Sire.

PHILIPPE II

Soyez calme, Madame, et répondez-nous mieux.

LA COMTESSE

Je ne puis plus répondre ; je me vois environnée de pièges, vous dénaturez mes plus simples pensées. Si je donne à Don Carlos ma tendresse attentive et soumise,

Je lui montre le courage qu’il faut aux rois.
Je le grandis et je le gagne
Au bel orgueil de se sentir infant d’Espagne,
D’avoir créance et confiance en soi,