Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/183

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Jamais un tel dessein… Son âme est maîtrisée
Par un trop grand respect.

PHILIPPE II

Par un trop grand respect. Mais, que veut-il alors ?

DON JUAN

Je vous l’ai dit, aller en Flandre, la gouverner en votre nom, pour le bien de l’Espagne. Il se souvient qu’à son âge, sous Charles V, vous étiez maître là-bas ; que la main de son aïeul était moins serrée que la vôtre. Et cette pensée le hante, le poursuit le jour, la nuit, et l’éblouit au point qu’elle l’aveugle. Il s’exalte, s’enfièvre, s’hallucine. Ah ! Sire, je m’adresse à votre sagesse, tout peut encore se réparer et rentrer dans l’ordre, mais, de grâce, sauvez Don Carlos du péril…

PHILIPPE II

Quel péril ?

DON JUAN

J’hésite, je ne sais si je dois vous dire… Lui pardonnez-vous ?