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DOM MILITIEN

L’aveu de Balthazar est simple, il est sublime,
Et si jadis, quand les âmes hantaient les cimes,
Un moine avait autant que lui supplié Dieu,
Tous ses frères auraient sanctifié leurs yeux
À voir les feux de son péché, comme des roses
Teintes de sang, monter vers les apothéoses.

IDESBALD

Voyons le mal d’abord, l’apothéose après.

DOM MILITIEN

Vraiment, à vous entendre, on songe à quels regrets
Vous induit le devoir d’être à tous secourable,
Le ton de votre voix s’affirme inexorable
Et Dieu paraît absent de votre cœur, ce soir ;
Vous vous montrez hostile et dur, haineux et noir,
Vous hésitez, hélas ! à pardonner la faute
Dont votre frère est las. Vous renvoyez cet hôte
Qui frappe au seuil de votre âme, la nuit.

IDESBALD (désignant DOM BALTHAZAR)

Ce n’est pas moi qu’il faut juger. C’est lui.