Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/19

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Qui donc voudrait encor qu’on entretienne
Fût-ce un seul jour, au fond des cœurs.
Les ressentiments sourds et les mornes rancœurs.


UN AUTRE NOTABLE
(qui est entré depuis quelque temps)


C’est, m’a-t-on dit, un pêcheur de la côte
Qui sur la mer vit le premier
Rames longues et voiles hautes
Le navire du Roi comme un géant ramier
Cingler, dans le vent clair, vers la Patrie.
Toutes les eaux de l’Ouest à l’Est, semblaient fleuries
Tellement le soleil y répandait ses feux.
Ménélas débarqua, laissant à bord, Hélène ;
Et les gens accourus des bourgs et de la plaine
Le reçurent d’abord avec des cris hargneux :
Nul ne pouvait penser qu’il revenait de guerre.
Soudain, quelqu’un s’en vint qui reconnut le roi
En regardant ses yeux, en écoutant sa voix,
Tandis que survenaient sur la grève, les mères
Qui désignaient leurs fils parmi les passagers.